jeudi 7 décembre 2017

LE CRIME DE L'ORIENT-EXPRESS


Thriller/Policier/Un film élégant, une aventure intéressante avec un Hercule Poirot réussi

Réalisé par Kenneth Branagh
Avec Kenneth Branagh, Johnny Depp, Josh Gad, Derek Jacobi, Michelle Pfeiffer, Penélope Cruz, Willem Dafoe, Daisy Ridley, Lucy Boynton, Sergei Polunin, Judi Dench...

Long-métrage Américain 
Titre original : Murder on the Orient Express
Durée: 01h49mn
Année de production: 2017
Distributeur: Twentieth Century Fox France 

Date de sortie sur les écrans américains : 10 novembre 2017
Date de sortie sur nos écrans : 13 décembre 2017


Résumé : Le luxe et le calme d’un voyage en Orient Express est soudainement bouleversé par un meurtre. Les 13 passagers sont tous suspects et le fameux détective Hercule Poirot se lance dans une course contre la montre pour identifier l’assassin, avant qu’il ne frappe à nouveau. D’après le célèbre roman d’Agatha Christie.

Bande annonce (VOSTFR)



Extrait - La Veuve et le Gangster (VOSTFR)



Ce que j'en ai pensé : l’adaptation du livre éponyme d'Agatha Christie par le réalisateur Kenneth Branagh est élégante. Il multiplie les plans surprenants, audacieux et spectaculaires pour nous mettre dans l'ambiance de l'époque, de la traversée froide et belle que l’Orient Express parcourt et du chemin de fer puissant, implacable machine lancée sur ses voies dans des volutes de fumée noire, qui entraîne des hommes et des femmes vers leur destinée. Il introduit son personnage principal, Hercule Poirot, qu'il interprète avec classe et ce qu'il faut d'humour tinté d'intelligence pour que le flair de ce célèbre détective soit plausible. Dès le départ, la personnalité marquée du personnage fonctionne, avec cette sorte de mélange de manies et de franchise intellectuelle qui rappelle ses cousins éloignés Columbo et Sherlock. On le suit dans son périple et on relève avec lui le défi qui lui est imposé : résoudre une affaire criminelle bien mystérieuse. Il est alors intéressant de suivre l'évolution de son enquête entre déductions et assemblage de pièces du puzzle. 

À moins d'avoir lu récemment le roman, on se laisse agréablement porter par l'intrigue et on s'amuse à déduire les possibilités. Le film semble partir sur un ton plutôt léger et joyeux, cependant, au fur et à mesure de l’avancement de cette aventure, la thématique principale se fait de plus en plus sombre, ce qui renforce l’intérêt de l’affaire. Il est juste un peu dommage que sur la fin, le réalisateur cède un peu trop au larmoyant et aux interventions théâtrales de certains personnages. Cela ralentit le rythme et donne une sensation de répétition sur le sujet de fond. Cependant, cela ne diminue en rien le très grand soin apporté aux détails dans les décors, les vêtements, le choix de la musique et à sa mise en scène enthousiasmante.


L’impressionnant casting ne faillit pas à sa mission de dépeindre des protagonistes différents et convaincants. Johnny Depp interprète Edward Ratchett, Josh Gad interprète Hector MacQueen, Derek Jacobi interprète Edward Masterman, Michelle Pfeiffer interprète Madame Hubbard, Penélope Cruz interprète Pilar Estravados, Willem Dafoe interprète Gerhard Hardman, Daisy Ridley interprète Mary Debenham, Lucy Boynton interprète la Comtesse Andrenyi, Sergei Polunin interprète le Comte Count Andrenyi, Judi Dench interprète la Princesse Dragomiroff, Olivia Colman interprète Hildegarde Schmidt, Leslie Odom Jr. interprète le Docteur Arbuthnot et Tom Bateman interprète Bouc. Autant de talents à l’écran pourraient nous faire penser que cela doit être compliqué à gérer, mais le réalisateur équilibre bien les interventions et l’intérêt de chacun.








Avec LE CRIME DE L’ORIENT EXPRESS, Kenneth Branagh explore la gestion du deuil et de la douleur par l’âme humaine tout en enveloppant son sujet dans un grand raffinement. Il nous offre l’opportunité de monter à bord de l’Orient Express et de voyager au rythme d’une affaire policière et des manies d’un très grand détective qu’il serait bien agréable de retrouver pour de nouvelles aventures. Mais avant, n’hésitez pas à aller découvrir celle-ci au cinéma.



NOTES DE PRODUCTION 
(Á ne lire/regarder qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

Le 30 octobre 2017, à Paris, suite à la projection de son film LE CRIME DE L'ORIENT EXPRESS, Sir Kenneth Branagh a eu la gentillesse de venir répondre à nos questions. Cette session, que je vous laisse découvrir dans les vidéos ci-dessous, a rapidement pris l'allure d'une passionnante leçon de cinéma.






TOUT LE MONDE EST SUSPECT 

Le Crime de l’Orient-Express d’Agatha Christie est un classique incontournable, un monument mondial et intemporel du roman policier. Des personnages complexes, un huis clos prenant dans le cadre luxueux d’un train mythique, des scènes intenses, des dialogues ciselés… Depuis sa toute première édition en 1934, l’histoire continue à captiver génération après génération avec la même efficacité. À sa parution, le Times of London écrivit d’ailleurs : « Les petites cellules grises d’Hercule Poirot résolvent une fois de plus une énigme apparemment insoluble. Mme Christie rend cette fable improbable formidablement réelle, et maintient ses lecteurs en haleine de bout en bout. »

Plusieurs générations de lecteurs ont tourné fébrilement les pages pour tenter de résoudre le mystère, d’identifier le criminel, fascinés par l’histoire et les personnages, en particulier Hercule Poirot. L’ambiance intemporelle et luxueuse de l’Orient-Express était magnifiée par l’écriture de la romancière, et les voyageurs qui montent à bord aujourd’hui continuent à découvrir avec un émerveillement intact les célèbres compartiments, le service et la cuisine d’exception. La chambre 411 de l’hôtel Pera Palace d’Istanbul, en Turquie, où Agatha Christie aurait écrit son roman, reste une destination très prisée. Partout dans le monde, des sociétés et des clubs se consacrent à faire redécouvrir les énigmes incroyablement astucieuses inventées par la romancière, en particulier celles impliquant le génial détective. Pourquoi une telle fascination ?

Kenneth Branagh, producteur et réalisateur du film, et interprète du détective mondialement connu, déclare : « Agatha Christie sait comme personne apporter de la profondeur à ses personnages tout en restant dans l’épure ; elle en fait des êtres particuliers et hauts en couleur, mais toujours crédibles. Je pense qu’elle aimait cette brillance intellectuelle et littéraire, à laquelle elle apportait, en situant son histoire dans l’Orient-Express, du glamour et de l’élégance – on était à la grande époque des voyages romantiques – tout en proposant un cadre hivernal majestueux et beaucoup de dépaysement. Et bien sûr, il y a le meurtre, l’enquête policière. C’est la promesse d’un voyage extraordinaire ! »

Ce film va faire découvrir à une nouvelle génération de spectateurs une réinterprétation captivante de l’une des histoires policières les plus aimées de tous les temps, avec des acteurs remarquables et une équipe technique hors pair. Comme toujours chez Agatha Christie, tout comme par une histoire. Mais pour en faire un film, il faut d’abord se procurer les droits d’adaptation. Et pour les producteurs Mark Gordon et Simon Kinberg, il fallut près de cinq années de démarches pour y parvenir. Au départ, l’un et l’autre s’étaient enquis de la disponibilité des droits chacun de son côté, mais très vite, ils décidèrent de s’associer pour plus d’efficacité. Par la suite, ils firent aussi équipe avec Ridley Scott. Il fut alors temps de faire écrire un scénario… Michael Green, collaborateur de longue date de Ridley Scott et grand admirateur de l’œuvre d’Agatha Christie, à qui l’on doit entre autres les scénarios de LOGAN et BLADE RUNNER 2049, a bondi de joie lorsqu’il a été contacté pour porter à l’écran cette fabuleuse histoire. Ridley Scott était lui-même fan des écrits de la romancière et du film que Sidney Lumet en avait tiré en 1974, LE CRIME DE L’ORIENT-EXPRESS avec Albert Finney dans le rôle de Poirot. Il a donc sauté sur l’occasion de revisiter le livre pour en offrir une nouvelle version adaptée au public d’aujourd’hui.

Le scénariste commente : « Cette histoire est de celles qui sont si extraordinaires et mettent en scène des personnages si passionnants qu’on a envie de les voir et revoir encore et encore. Et si vous avez la chance d’ouvrir un livre d’Agatha Christie ou de voir une de ses pièces au théâtre à l’âge idéal, le souvenir vous en restera gravé à vie, avec un charme toujours aussi vivace au fil des ans. »

Mais si le cinéaste admire l’œuvre d’Agatha Christie dans son ensemble, Le Crime de l’Orient-Express se démarque nettement. Il confie : « De tous ses romans, c’est incontestablement mon préféré. Non seulement il met en scène Poirot, celui de ses personnages que j’aime le plus, mais cette histoire a une fin surprenante, et on croise tout au long de l’intrigue des personnages tous plus fascinants les uns que les autres. En plus, le cadre est somptueux. Tout, dans cette histoire, fait qu’elle occupe une place spéciale dans mon cœur. » Michael Green a rencontré les héritiers d’Agatha Christie et la société Agatha Christie Ltd, propriétaire des droits littéraires et médiatiques des œuvres de la romancière, pour discuter du projet. « Nous avions tous le même objectif : porter l’histoire dans le monde d’aujourd’hui sans altérer son essence, son âme, afin que le public moderne puisse s’y plonger, y adhérer, la croire et en éprouver tous les frissons. »

Tout s’est cristallisé dans l’esprit du scénariste quand il a appris que Kenneth Branagh (HENRY V, CENDRILLON) avait rejoint le projet. Il se souvient : « Le moment le plus excitant dans le développement du scénario a été de découvrir que Kenneth allait le mettre en scène et l’interpréter. J’ai un immense respect pour son travail et je l’apprécie beaucoup à la fois comme acteur et comme metteur en scène. Soudain, ce scénario que j’avais écrit allait devenir un film que je pouvais déjà imaginer à travers l’œil de Kenneth, avec une distribution prestigieuse que je savais que son nom allait attirer. » James Prichard, arrière-petit-fils d’Agatha Christie et président de la société Agatha Christie Ltd, précise : « Depuis mon plus jeune âge, je regarde les films de Kenneth Branagh, j’ai même vu son HENRY V dans le cadre de mes études universitaires. Avoir avec nous sur ce film ce réalisateur d’exception et l’un des plus grands acteurs de sa génération est source d’une immense fierté. »

Connu pour son amour des classiques, Kenneth Branagh était parfait pour le projet. Il raconte : « La Fox savait que j’aime les thrillers, ils sont donc venus me voir avec ce classique d’entre les classiques des thrillers criminels. Peut-être même savaient-ils que j’adore les trains ! Le Crime de l’Orient-Express a toujours eu pour moi une aura particulière, et en plus cette enquête vous plonge dans l’âge d’or du voyage. C’est une pièce à plusieurs personnages, un huis clos dans un espace confiné, avec une tension insoutenable. Des personnages hétéroclites, tous intéressants à leur façon, interagissent autour de thèmes profonds et du plus dangereux des sujets. Quand j’ai lu le scénario de Michael Green, j’ai été captivé. » Les interprétations de l’œuvre d’Agatha Christie ne manquent pas, et Kenneth Branagh a approché la sienne en revisitant les personnages avec la profondeur et la compassion que Michael Green avait instillées dans son scénario, sans jamais perdre de vue le sombre thème de la vengeance.

L’acteur-réalisateur-producteur commente : « Michael Green aimait clairement le sujet et les personnages. Il n’essayait pas d’aller vers le rire facile, ne tournait jamais les personnages en dérision, et surtout pas Hercule Poirot. Il montrait beaucoup de compassion dans sa manière d’écrire, et l’une des choses qui m’ont surpris et fasciné, c’est qu’il propose un voyage émotionnel bien plus riche et plus fort que ce à quoi l’on pourrait s’attendre. Le scénario explore des émotions comme la colère, le deuil, la soif de vengeance, le tout avec une grande profondeur d’âme et une superbe sophistication. » Un des éléments essentiels de cette histoire est le décor. De nos jours, voyager est devenu chose courante, mais bien souvent, c’est synonyme de temps finalement sans grand intérêt passé à se déplacer d’un point à un autre et de fatigue. Situer un voyage dans l’Orient-Express nous renvoie à un temps où le voyage était synonyme d’organisation et de précision dans un luxe attentionné.

Le scénario de Michael Green a su faire revivre l’élégance de ce temps-là et la précision méticuleuse des détails de ce fameux train. Kenneth Branagh explique : « Michael nous fait savourer l’époque dorée où le voyage était synonyme de luxe, d’attention aux détails, et où les voyageurs prenaient le temps de savourer ce qu’ils vivaient. Lui et moi avons eu la chance de connaître l’excitation enfantine de traverser l’Europe dans ce palace sur roues, un espace confiné qui vous conduit inévitablement à penser qu’il peut aussi se passer des choses effrayantes dans le noir... Son sentiment général à propos de l’histoire, à la fois en termes de profondeur et de variété émotionnelle, son amusement et son enthousiasme, son profond respect pour le sujet et l’œuvre d’Agatha Christie et son désir de divertir – tout cela se sentait dans l’écriture. Son scénario était d’une richesse incroyable. »

Kenneth Branagh était non seulement ravi de travailler à partir du scénario de Michael Green, mais aussi heureux de collaborer avec les héritiers d’Agatha Christie. Il raconte : « Mathew Prichard, le petit-fils d’Agatha Christie, et James Prichard, son arrière-petit-fils, ont été parmi les premières personnes que j’ai rencontrées pour ce projet, et ce lien particulier était très important à mes yeux. Mathew a grandi auprès d’Agatha, et James est non seulement membre de la famille, mais il exerce une influence créative très fine et pointue dans la gestion de tout ce qui a trait à la propriété littéraire de la romancière. C’est un homme qui aime la collaboration. Nous partagions tous le sentiment que l’œuvre d’Agatha Christie se trouvait à un moment clé de son histoire. Mme Christie a déjà immensément contribué à la culture et au divertissement à l’échelle mondiale, et pourtant on la redécouvre comme une créatrice qui aborde l’expérience humaine d’une manière tout à fait actuelle et parle directement au public d’aujourd’hui. Elle continue à nous divertir, et à nous faire réfléchir différemment. »

Au sujet de la pertinence et du caractère contemporain de l’histoire, James Prichard explique : « Le Crime de l’Orient-Express est à mon sens l’une des histoires les plus astucieuses de toutes celles qu’a écrites Agatha Christie. Elle recèle un questionnement avisé sur la justice – mon arrière-grand-mère attachait énormément d’importance à la notion de justice –, et cette histoire comprend des ingrédients uniques, qui touchent au cœur même de son aura. Le contexte est incroyablement mouvant, il pose de vrais défis, et la manière dont Poirot évolue dans cette atmosphère est tout bonnement stupéfiante. »

Mathew Prichard observe : « Le roman tire sa force du mélange entre le glamour du cadre dans lequel il se déroule, l’originalité de l’histoire et le choc de la solution. C’était un livre brillamment écrit pour les années 30 et je pense qu’il est difficile de mesurer aujourd’hui à quel point il a été original pour son époque. Ma grand-mère a voyagé dans ce train, et elle a fait escale à Istanbul dans son périple vers la Syrie et l’Iraq, et ses livres recelaient une véritable authenticité parce qu’elle avait elle-même connu ce dont elle parlait. »

C’était la première fois dans sa carrière que Michael Green développait un scénario avec quelqu’un qui allait être à la fois réalisateur et acteur principal. Il raconte : « Kenneth et moi réfléchissions ensemble non seulement à la manière dont il voulait tourner le film, mais aussi à celle dont il voulait jouer chaque moment. Nous pouvions, à partir d’une réplique, discuter de l’ambiance, de la tonalité de la scène et des angles de caméra, et je le voyais aussi dire la réplique, la jouer, ce qui me permettait de la modifier et de l’affiner instantanément pour lui. C’était un processus de création passionnant et remarquablement efficace, qui a permis de supprimer toute une part de questionnement car le réalisateur savait précisément comment l’acteur allait jouer les scènes et prononcer les dialogues. »

Pour Kenneth Branagh, jouer Hercule Poirot et le mettre en scène semblait parfaitement naturel. « Je sentais au plus profond de moi que ces deux casquettes se rejoignaient dans une harmonie particulière, parce que je suis convaincu qu’en fait, Poirot est lui-même un metteur en scène. Il dirige les protagonistes, il essaie intuitivement de placer chacun de ses interlocuteurs dans une ambiance, une situation propice afin qu’ils lui livrent ce qu’il cherche à capter. » En tant que réalisateur, la concentration dont Kenneth Branagh allait devoir faire preuve en dirigeant tous ces comédiens exceptionnels pour obtenir le degré de finesse qu’il souhaitait dans leur interprétation rejoignait exactement celle que devait avoir Poirot, à l’affût du moindre signe pouvant trahir le coupable. Agatha Christie soulignait qu’il s’agissait souvent « d’une lueur dans l’œil ».

Kenneth Branagh commente : « Poirot est expert en matière de décryptage du langage corporel. Il observe comment les gens se comportent, la manière dont ils mangent, ce qu’ils laissent entrevoir, ce qu’ils ne disent pas, ce qu’ils trouvent amusant ou non. On dit de lui qu’il a une perspective différente sur les choses, ce qu’il tourne à son avantage : étant belge, ses interlocuteurs le perçoivent comme différent d’eux, assez excentrique, et il en joue. Mais en disant cela de lui, ils le sousestiment. »

Johnny Depp, nommé trois fois à l’Oscar, confie avoir été intrigué par la façon dont l’histoire se révèle à la fois pertinente et inédite. « Il y a là tout ce que l’on peut attendre d’Agatha Christie – la mort qui rôde, un assassinat, des personnages intéressants, une situation inhabituelle – éléments auxquels s’ajoutent un cadre superbe et la notion de voyage. J’ai été impressionné de voir que rien n’est daté, et combien l’histoire se réinvente d’elle-même, ce qui est le signe d’un sujet d’une qualité exceptionnelle. » Willem Dafoe, nommé à l’Oscar, a apprécié que le récit soit porté par les personnages. Il confie : « Le ton est essentiel pour cette histoire, et le rôle de Poirot est intéressant et remarquablement écrit, l’équilibre entre les différents personnages brillamment construit. L’histoire a du mordant, de l’humour, mais il y a aussi un dilemme moral au cœur de tout cela. »

Leslie Odom, Jr. commente : « Tous les éléments clés de l’intrigue sont là, mais l’histoire est re-racontée à l’intention d’un public moderne qui a le sentiment d’avoir tout vu et tout entendu. Comment susciter l’enthousiasme chez un public comme la jeune génération ? Comment les faire se crisper dans leur fauteuil, fascinés par l’histoire et le suspense, tendus comme des arcs alors qu’ils ont déjà vu tant de choses ? Je pense que Ken et Michael ont accompli un tour magistral sous cet aspect. » Le style, la grâce et le souffle romanesque du scénario, la capacité de son auteur à rester fidèle à l’essence de l’histoire tout en la modernisant, ont électrisé tous les acteurs. Manuel Garcia-Rulfo déclare : « Le film a conservé l’essence et l’esprit du roman mais en les redynamisant. »

Lucy Boynton ajoute : « C’est un équilibre parfait entre une version moderne et tout ce qui reste sacré dans l’histoire d’Agatha Christie. C’est très excitant de voir comment l’histoire a été développée. » Lorsque Josh Gad a découvert le scénario, il a tout de suite eu envie de participer au projet. « Au bout d’à peine vingt pages de lecture, j’ai bondi sur mon téléphone pour appeler mon agent. Je me fichais pas mal d’avoir même un rôle de contrôleur des billets, je voulais en être ! Des projets pareils, intelligents, épiques, avec ce parfum d’âge d’or du cinéma hollywoodien sont rarissimes. Que ce soit comme acteur ou comme cinéphile, c’était très excitant ! »

Pour le comédien, le second atout du film – et non le moindre – était la possibilité de tourner sous la direction de Kenneth Branagh et de lui donner la réplique. « Kenneth se considère comme l’un des nôtres : c’est d’abord un acteur avant d’être un metteur en scène. Il sait exactement quels doutes nous traversons et quelles questions nous nous posons, et y répond avec l’intime connaissance et la légitimité de celui qui a lui-même été à notre place. » Willem Dafoe voit de nombreux points communs entre le travail de Kenneth Branagh en tant que réalisateur et en tant qu’interprète du personnage de Poirot. « Son rôle de metteur en scène trouve un pendant dans celui que joue Poirot dans l’histoire : Kenneth est un peu le Monsieur Loyal du cirque, celui qui organise et règle les scènes et dit à tout le monde ce que chacun doit savoir pour avancer dans l’histoire. Il se passe la même chose dans le film : Poirot prend le contrôle de la situation et orchestre les événements. Il tire les ficelles. »

Collaborateur de longue date de Kenneth Branagh, Derek Jacobi considère que ce qui fait de Kenneth Branagh un réalisateur de talent est qu’il est avant tout un comédien. « C’est impressionnant de voir avec combien de balles il jongle sans en laisser tomber une seule, mais j’ai toujours admiré son talent d’acteur, sa capacité à prendre du recul sur son propre jeu, de considérer son travail d’acteur objectivement, avec l’œil du réalisateur. C’est tout bonnement extraordinaire. Son regard et son intellect sont partout à la fois. » L’actrice oscarisée Penélope Cruz se dit elle aussi impressionnée par la capacité de Kenneth Branagh à glisser en douceur de la mise en scène à l’interprétation et vice-versa. « C’est très impressionnant à voir, il maîtrise aussi bien l’une que l’autre. Il a créé un film qui va piéger les spectateurs, s’insinuer dans leurs pensées, les attirer dans ses filets, leur jeter un sort. Il y a de la magie là-dedans. Il donne l’impression que cette danse stupéfiante est facile, ce qui est très rare ; nous étions tous frappés et impressionnés de le voir aussi présent sur tous les plans. Nous étions un casting particulièrement nombreux, il avait une responsabilité énorme, mais il maîtrisait absolument tout. »

Tom Bateman ajoute : « Kenneth Branagh est un meneur de troupe incroyable, un grand réalisateur, mais j’ai le sentiment que son énergie, sa pulsation première, c’est d’être acteur. Il veut être là, il veut que vous le sentiez, que vous viviez l’instant quand vous jouez avec lui. Le voir aussi enthousiaste était galvanisant, et on n’avait presque pas l’impression de le voir diriger le film tant il donnait l’impression que c’était facile. »

LE DÉTECTIVE 

Hercule Poirot/Kenneth Branagh Parmi tous les personnages issus de l’imagination fertile d’Agatha Christie, Hercule Poirot reste l’un des plus célèbres. Le détective figure dans 33 romans et plus de 50 nouvelles. Il était bien évidemment la pierre d’angle sur laquelle construire le film. James Prichard, président d’Agatha Christie Ltd, déclare : « Ma toute première lecture du scénario remonte à loin, et pas mal de choses ont évolué depuis, mais le ton général, la saveur, n’a pas changé d’un iota. Dès le départ, Michael Green avait su capter l’essence, en particulier celle du personnage de Poirot. Il avait parfaitement compris le personnage et cela se sentait dans son scénario. Il y a des changements, des différences, en particulier dans son aspect, par rapport à ce qui a été fait par le passé, mais la quintessence, la vérité du personnage est là, et c’est ce qui à mes yeux importe le plus. »

Pour se préparer à incarner le légendaire personnage créé par Agatha Christie, Kenneth Branagh a commencé par lire la totalité des aventures du célèbre détective privé. Un an avant le tournage, il s’est d’abord plongé dans une édition originale de La mystérieuse affaire de Styles reçue en cadeau pour son anniversaire. Les essayages de ses costumes réalisés sur mesure ont débuté neuf mois avant le début du tournage.

Ce sont l’épaisseur et la forme du nœud de cravate qui ont demandé le plus de temps, et il a fallu le reproduire à la perfection chaque fois que Kenneth Branagh enfilait le costume. Pas moins de trois mois d’essais ont été nécessaires, avec différents tissus, beaucoup d’amidon… et une bonne dose de patience. Les chaussures ont elles aussi été fabriquées sur mesure, et il les a portées pendant trois mois afin de les faire à son pied. Kenneth Branagh a rassemblé toutes les descriptions faites par Agatha Christie de la moustache d’Hercule Poirot, en utilisant les ressources du remarquable fonds littéraire de l’auteur. Ensuite ont commencé neuf mois de recherches et de développement pour créer ce qu’Agatha Christie elle-même avait dépeint comme « la plus magnifique moustache de toute l’Angleterre ».

Kenneth Branagh a été jusqu’à étudier l’œuvre des plus célèbres artistes belges, comme le peintre surréaliste Magritte, et Hergé, le créateur de Tintin. L’acteur-réalisateur a écouté les enregistrements de 27 accents belges différents, réalisés par des hommes de l’âge de Poirot s’exprimant en anglais, et il a travaillé avec un répétiteur linguistique trois fois par semaine pour acquérir l’accent du détective. Il a même travaillé par Skype depuis sa loge au Garrick Theatre à Londres au moment où il jouait Léonte dans la pièce de Shakespeare « Le Conte d’hiver ».

Kenneth Branagh et Michael Green ont longuement discuté du portrait précis qu’ils voulaient dresser de ce personnage à multiples facettes. Le scénariste explique : « Nous voulions résoudre cette énigme : comment le représenter comme un original, un homme excentrique mais sympathique, comment faire de lui ce personnage mémorable auquel on est attaché, tel qu’il est resté dans nos mémoires, mais aussi faire en sorte qu’il soit totalement réaliste, qu’on ait l’impression de pouvoir le croiser dans la rue. Nous voulions une ambiance excitante, tout en générant un malaise et une tension authentiques. Poirot peut être vu comme un personnage comique évoluant dans des circonstances tragiques, et une partie de notre approche consistait à montrer ce contraste. Poirot a traditionnellement une longueur d’avance, il anticipe, il maîtrise la situation, mais il tombe ici sur une affaire qui dépasse sa compréhension. »

L’affection que porte Michael Green à ce personnage est évidente dans son scénario. Il s’en explique : « J’ai toujours apprécié sa grande intelligence, sa drôlerie et sa singularité. Si vous parvenez à imbriquer tous ces éléments dans son enquête, cela peut donner des scènes superbes, vous pouvez vous appuyer sur ses particularités, ses excentricités pour façonner ses interrogatoires avec ses suspects et lui permettre de trouver l’information dont il a besoin. C’est aussi incroyablement amusant de le frustrer, parce que comme il est toujours parfait, quand quelque chose le déstabilise il en devient d’autant plus intéressant. C’est ce qui met le feu aux poudres. » Dans ses écrits, Agatha Christie a dépeint Hercule Poirot de bien des manières.

Kenneth Branagh observe : « Elle s’est amusée à le faire évoluer sans se cantonner strictement aux règles qu’elle avait elle-même instaurées. Je pense qu’il a pu lui arriver d’éprouver occasionnellement de la frustration quant au fait qu’il était sa création la plus populaire, mais qu’elle a su chaque fois l’aimer de nouveau, encore et encore. La caractéristique de Poirot, c’est sa gentillesse, cela revient souvent dans les textes. C’est aussi quelqu’un de méticuleux, dans son apparence générale et en particulier pour son immense et magnifique moustache – une touche de vanité émouvante que Christie évoque souvent, et que Poirot lui-même reconnaît comme telle. Elle laisse aussi entendre avec une pointe d’ironie que sa couleur de cheveux n’est peut-être pas complètement naturelle, qu’il fait appel à quelque onguent. Son intellect brillant et incisif fait de lui un détective hors pair, cela, c’est très clair. Ses facultés d’observation, sa profonde compréhension de la psychologie humaine, son don pour en déceler les moindres nuances, lui plaisaient sans aucun doute. C’est un trait de caractère qu’elle partageait de toute évidence avec son héros. Elle portait des jugements rapides sur les gens, dans sa vie et à travers ses lettres. Elle-même voyageait beaucoup, et c’était une femme libre d’esprit et très observatrice. Elle a fait don de toutes ces qualités à son personnage. »

L’apparence de la moustache de Poirot a constitué une étape clé dans la définition du personnage. Kenneth Branagh raconte : « Il nous a fallu des mois de recherches. On la doit à Carol Hemming, créatrice des maquillages et des coiffures, qui avait rassemblé des références fort utiles. Nous sommes partis des mots mêmes d’Agatha Christie, une phrase qui disait que Poirot avait « la plus magnifique moustache de toute l’Angleterre ».

Donc, la moustache était un indice. Nous savions qu’elle entendait cela dans le sens de l’époque, mais l’idée de Carol était de créer un « double effet moustache ». Après tout, Christie utilisait constamment pour la décrire les mots « majestueuse », « immense ». C’était presque comme un masque. Le superpouvoir de Poirot ! Cette moustache tient les gens à distance. Il fallait qu’elle soit structurée, très fournie, d’apparence plaisante, et elle devait faire forte impression. L’histoire et les réactions des personnages envers elle dans cette histoire – et dans bien d’autres – l’exigeait. »

Une fois l’étape initiale de la conception de la moustache validée, les tests ont débuté sur le visage de Kenneth Branagh. Celui-ci se souvient : « Nous ne cessions de nous demander si la moustache remplissait sa fonction chaque fois qu’on la voyait. Et dans une affaire de meurtre comme celle-ci, face à un homme comme celui-là, la moustache fait beaucoup réfléchir, longtemps, et souvent. Nous étions donc bien conscients que c’était un sujet d’une importance vitale. » L’habit contribue parfois à faire le moine... et le détective, du moins en partie. À propos de son costume, Kenneth Branagh déclare : « Poirot n’est pas un dandy dans le sens où il ne s’habille pas de façon extravagante avec des couleurs extraordinaires, il ne possède pas d’innombrables vêtements et ne se change pas constamment, mais c’est un homme extrêmement méticuleux, ce qui se ressent aussi au plan vestimentaire. Nous savions que ses costumes – peu nombreux car il est en voyage – auraient une coupe nette et élégante, toujours impeccable, ce qui nécessiterait un processus constant de retouches et de réajustements.

Nous avons passé beaucoup de temps à déterminer ce qu’il ferait de ses mains – allait-il utiliser ses poches de gilet, que ferait-il avec sa canne, de quelle taille serait-elle ?… Tous ces éléments devaient être cohérents avec l’époque de l’histoire, tout comme la montre et sa chaîne de montre ; tout a été fabriqué spécialement, avec une touche éminemment « poirotesque ». C’était la même chose pour son nœud de cravate, la façon de le nouer, son inclinaison : Poirot se montrerait exigeant, intransigeant sur la manière dont se place chaque pièce de sa tenue, et pour avoir exactement la même apparence chaque jour. » Comme le personnage est fasciné par l’ordre, l’alignement et la perfection de la symétrie, la création de Poirot s’est révélée semblable à la fabrication d’une pièce d’horlogerie : propre et nette, d’une extrême précision. Kenneth Branagh commente « Nous voulions obtenir une apparence précise, cultivée, tirée à quatre épingles, ce qui passait par la coupe des vêtements, et des couleurs d’une élégance intemporelle. »

Avec son sens du style irréprochable, la chef costumière Alexandra Byrne a contribué à renforcer la présence de Poirot à l’écran. Elle se souvient : « La première discussion a porté sur la moustache, Ken et Carol Hemming en ont été à l’origine et elle a contribué à définir le personnage. Ensuite, je me suis jointe à eux. Ken m’a tout de suite dit qu’il tenait à ce que Poirot ait un passé militaire. Nous avons fait des recherches poussées pour comprendre ce signifiait être de nationalité belge et avoir un passé militaire précis. Nous avons travaillé dans le sens d’une « vanité dans la précision » plutôt que d’une vanité de paon attachée à l’apparence : nous avions le sentiment que Poirot aurait développé un style vestimentaire qui ne conviendrait qu’à lui.

La mode ne l’intéresse pas, il a son propre style, son tailleur. Il a deux costumes et une tenue de soirée, ce qui correspond à un homme de sa classe sociale. Ils sont très beaux, avec un soin du détail qu’il trouverait satisfaisante. Ils ont quelque chose d’épuré, de parfaitement symétrique, une netteté irréprochable : quand Poirot se bat et que son col est déplacé ou qu’un bouton se défait, c’est tout à fait dérangeant et inacceptable pour lui. » Pour moderniser le personnage, Kenneth Branagh l’a voulu un peu plus agile que ses précédentes incarnations. Pareillement cérébral, mais avec davantage d’aisance physique et de muscles. C’est là qu’est intervenu le coordinateur des cascades James O’Donnell.

Celui-ci confie : « J’ai longuement réfléchi pour savoir comment intégrer Poirot aux scènes d’action sans qu’il paraisse déplacé. En ayant discuté avec Ken, je me suis mis à penser à Poirot comme à un maître d’aïkido armé d’une canne, pour en faire quelqu’un qui soit non seulement un cerveau brillant cervelle, excellant dans l’analyse et l’interprétation du crime, mais qu’il soit tout aussi remarquable dans sa façon de se battre. Il ne se battrait pas à coups de poings, il serait plus intelligent que ça, comme David contre Goliath – il est intelligent jusque dans sa façon de se battre. »

LE GANGSTER 

Edward Ratchett/Johnny Depp Nombre des personnages sont sur le fil, hésitant entre le bien et le mal, mais Edward Ratchett apparaît comme celui qui a clairement choisi le mal. Kenneth Branagh explique : « C’est un gangster, d’envergure modeste apparemment, qui voyage accompagné de son secrétaire et de son valet. Il a de l’argent, mais il n’a pas la conscience en paix. »

Ratchett est perturbé, troublé : quelqu’un en a après lui, comme en témoigne une série de billets provocants, des messages menaçants trouvés dans le train. Il demande son aide à Poirot, et ce n’est pas pour lui une conversation agréable. Cela permet aux spectateurs de comprendre que Ratchett ne pourra pas profiter paisiblement de son voyage. Johnny Depp déclare : « À la seconde où Ratchett fait son entrée dans l’histoire, on perçoit sa paranoïa, le sentiment d’urgence qui le pousse à chercher la protection de Poirot. L’élégance du train, l’arrogance de voyou de Ratchett, ce mélange de trop d’assurance et d’onctuosité en font un personnage très intéressant et amusant à interpréter. »

Pour Kenneth Branagh, « Johnny apporte quelque chose de merveilleusement sordide et visqueux au panache de ce malfrat de bas étage, qui a par ailleurs l’esprit vif et est de toute évidence dangereux. Johnny livre une performance sombre, menaçante, et très drôle. » L’acteur précise : « Par bien des aspects, Ratchett est tout le contraire de Poirot, ce qui rend leur échange extraordinairement dense et tendu. Il cherche le respect du détective, mais ne l’obtiendra jamais. »

Ratchett Cela ne vous dérange pas que je m’assoie avec vous ? Vous êtes le détective le plus célèbre du monde, Hercule Poirot. Le vengeur des innocents, comme la presse vous appelle. Poirot Et vous êtes innocent ? Ratchett (riant) Vous êtes marrant ! Josh Gad confie : « Johnny Depp a énormément de charisme et d’assurance, et c’est le partenaire le plus charmant, le plus gentil et le plus drôle dont on puisse rêver. C’est impressionnant de le voir se transformer en Ratchett, son opposé en tout point. On attend toujours avec impatience chacun des nouveaux personnages qu’il crée ! Chaque fois, on découvre des êtres complexes, d’une grande épaisseur, dont il livre une incarnation autant physique et vocale. Johnny est capable de faire exister ses personnages de manière très complète, chacun avec ses particularités. »

LE SECRÉTAIRE 

Hector MacQueen/Josh Gad Le secrétaire de Ratchett est un homme nerveux. Il a beaucoup voyagé, il a fait des études d’avocat et parle plusieurs langues, mais ce n’est pas un homme heureux, et il a une propension aux excès.

Kenneth Branagh affirme : « Il boit et fume un peu trop pour son bien, et il semble agité. » C’est un rôle à contre-emploi pour Josh Gad, bien connu pour ses rôles comiques. L’acteur a parfaitement saisi la dynamique entre MacQueen et Ratchett : « MacQueen est un homme complexe, son histoire paraît évidente mais il y a autre chose derrière. Il est en quelque sorte l’esclave de Ratchett. C’est un secrétaire tremblant, mal à l’aise et peu sûr de lui, face à un patron qui l’exploite. Ratchett exige énormément de lui, et en veut toujours plus. »

Kenneth Branagh explique : « Josh est d’un naturel fantastique dans ce rôle. Tout le monde sait à quel point il peut être drôle, et il est aussi très doué pour la musique, mais il joue ici avec une merveilleuse simplicité et une belle vulnérabilité. MacQueen semble avoir connu des drames ou des blessures dans son parcours, et Josh fait passer ce sentiment avec une extraordinaire légèreté. Cela fait de son personnage quelqu’un d’intrigant. Le trio Ratchett-Masterman-MacQueen est étroitement lié mais aussi plein de conflits. C’est un trio électrisant ! »

Josh Gad a discuté du personnage avec Kenneth Branagh, et explique qu’il lui a fallu s’appuyer sur un passé très construit pour incarner pleinement MacQueen. « Nous avons discuté dans les moindres détails de cet homme, de sa jeunesse, de ses origines, de sa formation et de comment il avait obtenu ce poste. La beauté de ce film, c’est que l’on croit savoir des choses, mais qu’en définitive on ne sait rien. MacQueen n’est qu’une pièce dans un vaste puzzle… »

LE VALET DE CHAMBRE 

Edward Masterman/Derek Jacobi Le fidèle et dévoué valet de Ratchett semble docile et servile, très british et très poli. Mais entre les mains de Derek Jacobi, il prend l’apparence d’un ancien officier de l’armée avec une arrogance très cockney et une attitude pragmatique.

Kenneth Branagh déclare : « Masterman peut se montrer serviable et empressé, et il accomplit son devoir avec diligence, mais il fallait que l’on perçoive chez lui le côté mauvais garçon. Il y a un grand point d’interrogation chez cet homme. » Derek Jacobi et Kenneth Branagh ont déjà travaillé ensemble à plusieurs reprises, tant au théâtre qu’au cinéma. Lorsqu’il a été contacté pour incarner Masterman, l’acteur a donné son accord sans la moindre hésitation.

« C’est un personnage très intéressant, commente-t-il. Il a été officier d’ordonnance pendant la guerre, puis valet, et maintenant il est au service d’un personnage peu recommandable. Masterman est un peu collet-monté, mais il est aussi très malade, probablement mourant, et il a quelque part un désir de revanche. »

Kenneth Branagh observe : « Derek a la capacité de suggérer de nombreuses facettes chez ce genre de personne. Il est lui-même originaire de l’East End londonien, et c’était amusant pour lui de jouer un valet de chambre anglais, mais pas comme un type coincé, plutôt comme quelqu’un qui retrousse ses manches pour se mettre au boulot, et qui peut s’occuper de lui-même et de son maître s’il le faut. »

Kenneth Branagh a demandé à l’acteur de jouer avec l’accent de l’est de Londres. « J’ai bien aimé ça, confie Derek Jacobi. On me considère parfois comme un acteur trop classique, un Shakespearien, et c’était bien de revenir un peu sur terre ! »

LA VEUVE 

Caroline Hubbard/Michelle Pfeiffer Caroline Hubbard est le genre de personne qu’Agatha Christie a rencontré à plusieurs reprises lors de ses voyages, et qu’elle dépeint sans complaisance. Michelle Pfeiffer explique : « Hubbard est en chasse : elle cherche un mari. Du moins c’est ce qu’elle dit. C’est une solitaire qui peut se montrer douce, tendre et souvent drôle, mais elle peut aussi être très déterminée, au point d’être irritante. C’était un rôle très amusant à jouer. »

Kenneth Branagh commente : « Michelle irradie cette sorte de solitude intérieure qu’Agatha Christie connaissait bien, la difficulté d’être une femme seule et de voyager dans des circonstances compliquées. À bord de l’Orient-Express, dans cet environnement feutré de l’âge d’or du voyage, c’est différent. Mais en ce temps-là, voyager au Moyen-Orient était une entreprise risquée et ardue. On retrouve chez Caroline Hubbard l’esprit pionnier et intrépide de la romancière. Et avec Michelle Pfeiffer, une formidable comédienne, on se délecte en plus d’un merveilleux humour. »

Michelle Pfeiffer confie : « Ce que je recherche dans un rôle, c’est l’amplitude qu’il faut jouer. De l’humour, de la légèreté, et puis le basculement. Ce sont ces moments-là les plus intéressants à construire. Et c’est ce qui m’a attirée dans ce projet. Tout comme l’époque historique. Les costumes étaient somptueux, et le cadre tellement élégant ! Ce film permet d’apprécier le style, le glamour, et on en sort avec l’impression d’avoir vécu au milieu de tout cela. »

La chef costumière Alexandra Byrne confie : « Habiller Caroline Hubbard a été très amusant et très difficile, parce qu’elle est décrite comme une femme que l’on entend arriver avant même qu’elle entre dans la pièce. Elle est trop grande pour cet espace. C’est une notion difficile à rendre à l’image parce qu’il faut créer un personnage empli de contradictions, de caractéristiques qui ne s’associent pas, qui ne tendent même pas vers la même direction. Il fallait qu’elle soit crédible – extraordinaire mais crédible. On devait croire en elle dès la première fois où on la voit, l’apprécier et se ranger à ses côtés. »

LA MISSIONNAIRE 

Pilar Estravados/Penélope Cruz Pilar Estravados est un personnage qui apparaît aussi dans un autre roman mettant en scène Hercule Poirot, Le Noël d’Hercule Poirot. Cependant, le film n’a fait qu’emprunter son nom, pas le personnage lui-même. Kenneth Branagh explique : « Dans le cadre de nos efforts – très plaisants ! – pour surprendre les gens, et après consultation des héritiers d’Agatha Christie, gardiens de son œuvre, nous avons écarté le personnage de Greta Olson et intégré celui de Pilar Estravados. »

C’est Penélope Cruz qui incarne cette missionnaire habitée par sa tâche, déterminée à sillonner ce monde imparfait pour l’améliorer – à la fois au plan spirituel et philosophique. Cette femme toute dévouée à sa mission a elle aussi un côté mystérieux. Penélope Cruz déclare : « Au début de l’histoire, on ne sait pas grand-chose d’elle, juste qu’elle est très religieuse, parce qu’elle se promène avec sa bible et sa croix, et qu’elle parle volontiers de Dieu et des raisons pour lesquelles il est si important dans sa vie. Mais elle ne confie qu’une part de ces raisons. Elle a une cicatrice, sa peau a été abîmée par on ne sait quoi. Cette cicatrice est la trace de ce grand traumatisme qui a fait d’elle une personne différente. Lorsque cet événement s’est produit, elle a changé de vie. C’est quelqu’un de marqué, qui trouve du réconfort et une raison de vivre dans le fait d’aider les autres. Voilà pourquoi elle est devenue missionnaire. »

Penélope Cruz, l’une des plus belles femmes du monde, joue ici un personnage qui semble vouloir cacher sa beauté. Elle se comporte et s’habille comme quelqu’un de modeste et d’austère. La chef costumière Alexandra Byrne a traduit le caractère de Pilar Estravados à travers sa tenue. Elle explique : « Cette femme veut nier sa féminité, elle porte des vêtements pratiques qui ne cherchent pas à la mettre en valeur. J’ai rassemblé diverses pièces venues d’un magasin de costumes au Canada dont une jupe-culotte de voyage robuste, tout simplement parfaite. Pour une femme des années 30, porter un pantalon était une déclaration, un parti-pris, mais cette jupe-culotte paraissait parfaite, un équilibre entre le côté pratique et un vêtement dénué de toute sensualité. »

LE PROFESSEUR 

Gerhard Hardman/Willem Dafoe Le professeur Hardman est un homme imbu de sa personne qui provoque immédiatement l’ennui chez ses compagnons de voyage. Ses opinions politiques semblent odieuses aux autres passagers, mais il reste imperméable à leurs réactions et à leurs sentiments. Il est tatillon sur ce qu’il mange, ce qu’il fait et l’endroit où il dort. Kenneth Branagh explique en souriant : « Il y a un sujet sur lequel le professeur est intarissable : lui-même ! C’est un provocateur, un individu dangereux parce que c’est un catalyseur qui pousse les autres à se quereller. Il est source de conflit. »

Pour incarner ce personnage compliqué, le réalisateur s’est tourné vers l’acteur nommé aux Oscars Willem Dafoe. « Il a un vrai don pour rendre sympathiques des personnages qui ne le sont pas. Se faire piéger ne lui fait pas peur. C’est exaltant de le voir se débattre et se tortiller pour s’en sortir une fois qu’il est pris au piège. »

Willem Dafoe note : « Quand on le rencontre, on découvre un professeur en ingénierie autrichien qui se rend à Turin pour donner une conférence sur les utilisations militaires de la bakélite. Il exprime des opinions qui heurtent souvent les autres passagers parce qu’il est très conscient des questions de classe sociale, de hiérarchie et de race. Étant donné qu’on est en 1934, en Europe, il paraît assez rigide et très sérieux. C’est quelqu’un qu’il faut garder à l’œil. »

Poirot paraît comprendre qu’Hardman joue un jeu, mais la question est de comprendre pourquoi. Le professeur semble figurer parmi ses premiers suspects et le détective traque la moindre parole prononcée lors de ses fanfaronnades.

Willem Dafoe commente : « Un des points essentiels de l’histoire est que les personnages ne sont pas ce qu’ils paraissent. Hardman ne fait pas exception. »

LA COMTESSE 

La comtesse Andrenyi/Lucy Boynton La comtesse est l’épouse du comte Andrenyi, et tous deux sont danseurs de ballet. Il est hongrois, et elle… on ne sait pas trop. Son passé reste obscur. Ce qui est clair en revanche, c’est qu’elle souffre d’addiction ou de troubles qui la tiennent éloignée, hors de vue des voyageurs du train. Elle ne fait que quelques apparitions, et celles-ci sont à la fois théâtrales et révélatrices.

Kenneth Branagh déclare : « Lucy est une très belle actrice, très douée, et elle a trouvé comment incarner la solitude et l’isolement de la comtesse, un personnage très intrigant. Pourquoi se tient-elle loin de tout le monde ? On la découvre très tôt, et on a envie d’en apprendre davantage, mais elle reste à distance, à la fois dans l’intrigue et par la volonté d’Agatha Christie, ce qui ne fait qu’attiser notre désir d’en savoir plus. Le choc n’en est que plus grand quand on la voit pour de bon. Et Lucy parvient, même au plus sombre de l’histoire, à faire passer une certaine gaieté, particulièrement face à Poirot, qu’elle juge parfaitement ridicule. »

Lucy Boynton déclare : « Le comte et la comtesse sont de célèbres danseurs classiques, même si ces dernières années la comtesse a pris l’habitude de consommer quantité de barbituriques, ce qui fait d’elle une danseuse un peu titubante et embrumée… Elle et son mari, joué par Sergei Polunin, ont une très belle relation. » L’actrice poursuit : « Ils éprouvent de la passion l’un pour l’autre, ils sont très amoureux et se font confiance. Ils comptent l’un sur l’autre. Depuis qu’elle est plongée dans cet état de somnolence à cause des médicaments, la comtesse est devenue très dépendante de son mari, qui la traite avec beaucoup d’égards. C’est triste de la voir se détacher de ce qu’elle était, s’éloigner du monde, mais on ressent tout de même cet amour qui les lie. »

Lucy Boynton était ravie de se consacrer à la préparation de son rôle. Elle se souvient : « J’ai pris des leçons de danse, même si on ne voit pas la comtesse danser parce qu’elle est sous médicaments et qu’elle flotte un peu. Je voulais qu’on perçoive qu’elle est danseuse dans son maintien et sa gestuelle – ainsi je pouvais me tenir auprès de Sergei, qui lui est un vrai danseur, sans me sentir terriblement embarrassée. Ces cours ont été très profitables et m’ont vraiment aidée à entrer dans la peau du personnage. »

Les costumes de la comtesse Andrenyi ont été coupés dans des tissus d’époque, même si on ne sait pas toujours précisément quelle sorte de vêtement elle porte et pourquoi. Lucy Boynton confie : « Parce qu’elle vit aussi la nuit et est toujours plongée dans un état de rêve éveillé à cause des drogues, elle a des tenues à mi-chemin entre le jour et la nuit. On ne peut jamais réellement dire si elle est en pyjama ou en somptueux ensemble en satin. C’était très amusant, et un rêve de porter toutes ces fabuleuses pièces. »

LE COMTE 

Le comte Andrenyi/Sergei Polunin Célèbre danseur, le comte Andrenyi est interprété par Sergei Polunin, luimême « un merveilleux danseur » selon les propres termes de Kenneth Branagh. Sa capacité à bouger d’une certaine manière, à exprimer dans ses gestes la violence contenue, fait du comte un personnage à part.

Sergei Polunin explique : « Le comte Andrenyi se montre très protecteur envers sa femme. Il souffre de chaque étape qu’elle franchit. Ils sont au bord de la rupture parce qu’elle a un sérieux problème qu’elle doit absolument résoudre. Lui veut juste qu’elle aille mieux... Elle illumine sa vie et il ne veut pas la laisser basculer dans les ténèbres. »

Kenneth Branagh commente : « On perçoit son talent pour la danse en le voyant bouger. Il y a chez lui de la grâce, du danger, de l’agilité. Il bouge d’une manière électrisante et déstabilisante. »

Sergei Polunin, qui a une formation de danseur classique, fait ici ses débuts au cinéma. Il a beaucoup aimé définir son personnage avec l’aide du réalisateur et de sa partenaire, Lucy Boynton. Il explique : « Kenneth est extrêmement précis dans sa direction d’acteurs et il pose des questions intéressantes pour obtenir ce qu’il veut, du genre « De quoi a-t-il rêvé ? Quel est son passé ? Quels sont ses sentiments à l’égard de sa femme ? »

C’était passionnant pour moi de développer le personnage en procédant ainsi, et cela permettait une grand liberté créative. » Kenneth Branagh commente : « Sergei possède un vrai talent d’acteur, et il a apporté une présence physique stupéfiante à son personnage, avec en plus quelque chose d’intrigant, de torturé et de profondément romantique. Il a une expressivité, une gravité très slave qui laisse à penser que si l’on s’approche trop de son épouse, il faut s’attendre à des problèmes. Et il va effectivement y en avoir parce que Poirot s’intéresse à eux. »

Lucy Boynton ajoute : « Jamais je ne me serais doutée que c’était la première fois que Sergei joue, parce qu’il est remarquablement posé, qu’il se maîtrise parfaitement et qu’il possède la discipline indispensable quand on est danseur. C’était un partenaire brillant sur lequel m’appuyer et avec lequel interagir. »

LA PRINCESSE 

La princesse Natalia Dragomiroff/Judi Dench La princesse Dragomiroff est une aristocrate russe de sang royal qui semble traverser une période difficile. Elle se trouve dans le wagon pour Calais, ce qui est évidemment en dessous de son statut social. C’est la légendaire Judi Dench qui incarne cette figure princière.

Kenneth Branagh explique : « Judi Dench s’est amusée comme une folle à jouer cette femme impérieuse, méprisante, suprêmement arrogante et qui montre un profond dégoût pour ce qui l’entoure. Rien n’est jamais à son goût. Ce n’est jamais assez rapide, jamais assez chaud. Les gens manquent de politesse, ne montrent pas suffisamment de respect. Et quand elle n’est pas en train de se plaindre de ce qui ne va pas, elle exige que l’on s’occupe de ses chiens. C’est pour nous la chance de voir une figure sévère, intimidante, et délicieusement méchante et drôle. Judi Dench peut jouer tout cela avec délectation. Et tout en étant irrésistiblement drôle, elle peut être secrète et impossible à percer. »

Alexandra Byrne se dit honorée d’avoir habillé Judi Dench. « Judi a des yeux merveilleusement brillants, et comme elle joue une princesse, elle devait porter beaucoup de bijoux, qu’elle a réussi à faire sortir de Russie pendant la révolution. Il fallait donc des tenues très sobres afin de faire ressortir l’éclat des joyaux et de ses yeux. »

LA DAME DE COMPAGNIE 

Hildegarde Schmidt/Olivia Colman Parmi les différentes dynamiques qui s’établissent entre les personnages du film figure la relation maître/domestique. Ces rapports existent entre Ratchett et MacQueen, et entre la princesse Dragomiroff et sa dame de compagnie, Hildegarde. Agatha Christie, et comme elle Hercule Poirot, explorent constamment la complexité de ces rapports. Hildegarde Schmidt travaille pour la princesse Dragomiroff : elle lui fait la cuisine, s’occupe de sa garde-robe, et affronte ses sarcasmes et son insatisfaction chronique.

Kenneth Branagh commente : « Elle a la peau dure, si dure qu’elle ne se laisse pas atteindre par ce qui insulterait la plupart des gens. » Hildegarde est d’une grande politesse et d’une non moins grande intelligence, mais elle est effacée, discrète au point que l’on se demande si elle n’a pas quelque chose à cacher. Poirot se demande d’ailleurs si elle ne sait pas quelque chose que tout le monde ignore.

Kenneth Branagh commente : « Hildegarde a comme un secret, une force cachée. Peut-être sait-elle des choses sur la princesse ? » Pour donner vie au personnage, le cinéaste s’est tourné vers Olivia Colman. « Il y a quelque chose en elle, il faut se méfier de l’eau qui dort. Olivia Colman joue tout en intériorité, et l’on voit Hildegarde Schmidt écouter, et ce faisant, elle nous semble intrigante et fascinante. »

LA GOUVERNANTE 

Mary Debenham/Daisy Ridley Mary Debenham, gouvernante de son état, se passionne pour la photographie. Kenneth Branagh précise : « Agatha Christie était une femme très moderne pour son époque. Sa biographie est captivante. Daisy est une femme vive, drôle, engagée, une personne curieuse et qui s’intéresse à beaucoup de choses. Agatha Christie avait cette soif de connaissance, cet intérêt pour autrui et pour toutes sortes de sujets. Daisy a su apporter à son personnage cette énergie, cet appétit ; elle a fait de Mary Debenham quelqu’un qui anticipe, qui voit et pense loin, une femme audacieuse et en avance sur son temps. »

Daisy Ridley déclare : « Mary apparaît tout de suite comme une jeune femme éprise de liberté, qui voyage apparemment seule, une gouvernante qui aime faire de la photo. Elle a un échange extraordinaire avec Poirot au début du film qui engage une très belle dynamique entre eux, une dynamique qui va se développer jusqu’au terme de l’histoire. »

Kenneth Branagh commente : « Le personnage de Mary Denenham est selon moi celui qui se rapproche le plus d’Agatha Christie. Elle a à peu près l’âge qu’avait Agatha quand elle a fait l’un de ses tours du monde avec son premier mari, celui où elle a appris à faire du surf à Hawaii – il semble qu’elle ait été la première Anglaise à surfer ! Elle avait cette intrépidité, cet esprit pionnier que montre Mary Debenham. Daisy Ridley lui confère une extraordinaire modernité. »

LE MÉDECIN 

Dr Arbuthnot/Leslie Odom, Jr. Lors d’un voyage ordinaire, le Dr Arbuthnot, comme tout médecin, serait une figure d’autorité rassurante, un homme solide et posé. En cas de situation difficile, les médecins sont appelés à intervenir et se montrent alors la voix de la raison, prodiguant les conseils éclairés de professionnels animés par la compassion. Mais ce voyage-ci n’a rien d’ordinaire…

Leslie Odom Jr., qui interprète ce personnage, déclare : « Arbuthnot est un ancien médecin militaire. Nous avons travaillé dur pour être le plus précis possible, pour déterminer quel genre d’homme il est pour avoir eu ce parcours et avoir réussi ainsi, étant un homme de couleur. Qu’a-t-il dû traverser pour y arriver ? Et quelle a été sa vie, comment se fait-il qu’il ait un nom de famille comme Arbuthnot ? »

Kenneth Branagh commente : « Leslie Odom Jr. a quelque chose d’incroyablement proche, de chaleureux, il fait preuve de compassion. Il joue ce personnage avec beaucoup de tendresse et de sensibilité et lui apporte ce que l’on attend d’un médecin mais en plus, il a l’âme romantique. Cette disposition au romantisme peut interférer dans le travail du docteur, et il doit la cacher lorsqu’il est au service d’un des personnages du train. L’histoire s’intéresse au fait qu’il soit noir et occupe le poste qui est le sien à cette époque précise. Arbuthnot va devoir faire preuve du courage d’être différent dans un contexte difficile, et se défendre, à la fois physiquement et intellectuellement. C’est un personnage fascinant de complexité qui joue un rôle clé dans l’histoire. »

Le parcours particulièrement riche du personnage a donné l’occasion à son interprète de travailler avec Kenneth Branagh, la créatrice des coiffures et des maquillages Carol Hemming et la chef costumière Alexandra Byrne.

Leslie Odom, Jr. se souvient : « Alexandra a fourni une documentation précieuse sous forme de photos et d’informations diverses ; nous avons rassemblé des éléments sur la vie de plusieurs personnes pour faire en sorte que celle d’Arbuthnot soit aussi exacte et riche que possible. C’est un ancien militaire, il porte des costumes de coupe anglaise, mais n’a sans doute pas beaucoup d’argent. Je pense qu’étant noir, et médecin, il est certainement très correct et ne fait pas de vague, il ne brise aucune règle et ne sort pas des clous. Le plus important dans le style vestimentaire britannique de cette époque, c’est que l’on n’outrepasse pas son rang. »

LE DIRECTEUR 

Bouc/Tom Bateman Tom Bateman a travaillé avec la compagnie théâtrale de Kenneth Branagh au Garrick Theatre, où il s’est produit dans « Conte d’hiver » et « Harlequinade », et il se dit honoré d’avoir pu jouer Bouc, une réinterprétation du personnage du roman. Il développe : « Dans le livre, Bouc est un contemporain de Poirot. Il est censé avoir le même âge, et être français. Ils se retrouvent donc, deux hommes d’un certain âge, à discuter et rire ensemble de la vie et du monde. Nous avons bousculé la donne et instauré une dynamique intéressante dans laquelle un Belge plus âgé et un Anglais plus jeune éprouvent une affection mutuelle. Dans mon esprit, ils ont en commun une même vision de la vie : ils voient tous deux le bon comme le mauvais côté des choses – et donc ils se correspondent bien. »

Kenneth Branagh témoigne de cette amitié : « Monsieur Bouc est le directeur de la ligne de l’Orient-Express, et quand on le rencontre, il n’est pas très impliqué dans ses affaires. Il recherche surtout le plaisir, auprès d’une jeune femme avec qui il passe un agréable moment dans la cuisine du restaurant Kiraz, juste avant le départ du train. Cependant, il est ravi de retrouver son vieil ami Poirot – un drôle de zèbre, mais avec qui il s’entend bien. Ils se respectent. Poirot a beaucoup d’affection pour Bouc, qui a le don d’apporter de la vie, du mouvement – il est en quelque sorte l’âme de la fête. Au cours du film, il va perdre son innocence, en devenant soudain responsable d’un train où s’est produit un crime atrocement violent, qui plus est bloqué dans la montagne. C’est une situation de crise, il pourrait perdre son travail, et si le meurtrier reste dans ce train, il pourrait même y perdre la vie. »

Tom Bateman déclare : « Bouc est un bon vivant, il mord la vie à pleines dents et il a un travail formidable. Il n’a aucune qualification mais il sait jouer de son charme et faire en sorte que les gens se sentent bien dans le train et profitent pleinement du voyage – jusqu’à l’assassinat qui va révéler une autre facette de ce personnage. » De l’entrain et de la frivolité des scènes d’ouverture où les passagers montent à bord de l’Orient-Express à la gravité du meurtre, Bouc suit une évolution sur laquelle l’influence de Poirot pèse lourdement. Il commence à se soucier de choses qui n’auraient eu auparavant aucune prise sur lui.

Kenneth Branagh commente : « La performance de Tom Bateman révèle un charme débonnaire, facile et léger, puis une gravité qui naît du fait qu’il doit faire face à une situation dramatique. Il est obligé de voir les choses telles qu’elles sont. C’est une prestation d’acteur formidable, et les scènes que nous partageons sont très naturelles et instinctives. »

LE CHEF DE TRAIN

Pierre Michel/Marwan Kenzari Le chef du train, un nommé Pierre Michel originaire d’Avignon, se retrouve suspect, et a d’autant plus l’impression de s’être fait avoir car étant de service toute la nuit où le meurtre s’est produit, il aurait dû se rendre compte de quelque chose.

L’acteur hollandais Marwan Kenzari déclare : « Pierre Michel est un homme qui souffre, car sa mère, et peu avant elle sa sœur, sont décédées. Il porte en lui une grande tristesse tout en s’efforçant de bien faire son travail en dépit de la pression. » Kenneth Branagh déclare : « Marwan Kenzari donne à ce personnage une sorte de tendresse, de douceur ; il sait comment camper un homme sensible sans être faible pour autant. Pierre Michel met de la fierté dans son travail, il est fier d’être le chef de train de l’Orient-Express. C’est pour lui un choc horrible de se retrouver potentiellement accusé de meurtre. »

Marwan Kenzari ajoute : « Pierre Michel prend soin des passagers de première classe dans le wagon pour Calais, où se déroule une grande partie du film. Il travaille pour la compagnie depuis un moment et il prend son travail très au sérieux. Dans mon esprit, je le voyais le plus souvent à son poste. C’est un maillon important dans la chaîne des événements parce qu’il a accès à tous les compartiments, ce qui est très pratique pour le meurtrier. »

LA FAUSSE PISTE 

Biniamino Marquez/Manuel Garcia-Rulfo Biniamino Marquez est un autre personnage inédit qui aide à alimenter le suspense et à brouiller les pistes, notamment auprès des spectateurs qui ont le sentiment de bien connaître cette histoire. Cet homme semble avoir un secret. Il n’est pas complètement franc, ce dont on se rend compte très vite, et cela fait de lui une cible de choix pour l’œil vigilant du détective.

Kenneth Branagh commente : « Nous avons pu modifier quelques éléments pour donner encore plus de piquant, exactement comme le faisait Agatha Christie – elle cherchait toujours à maintenir le suspense jusqu’à la fin, à faire en sorte que ses lecteurs cherchent à deviner sans y parvenir. Manuel Garcia-Rulfo est un formidable comédien qui fait preuve de beaucoup de chaleur et de gentillesse. Il livre ici une excellente performance, amenant le spectateur – et Poirot – à se demander s’il est vraiment l’homme plein de compassion qu’il semble être, ou s’il y a chez lui autre chose… »

LES DÉCORS 

Les volutes de fumée qui s’échappent de la locomotive, les impressionnantes congères qui menacent dangereusement la voie ferrée, le miroitement de l’argenterie dans le wagon-restaurant, les bois précieux, le cuir et la porcelaine qui ornent la voiture pour Calais, une bouteille de Veuve Clicquot que l’on débouche et que l’on verse, un coup de feu qui déchire la nuit… Voici quelques-unes des images indélébiles du CRIME DE L’ORIENT-EXPRESS.

Que l’on soit fan d’Agatha Christie ou que l’on découvre ici cette histoire pour la première fois, le film nous transporte à bord du célèbre train qui a captivé l’imagination du monde entier voilà plus de 80 ans. Derek Jacobi déclare : « L’équipe a fait de l’excellent travail en matière de décors et de choix des lieux de tournage, car l’action ne se déroule pas uniquement à bord du train : beaucoup de choses se passent à l’extérieur. »

Tom Bateman ajoute : « Kenneth tenait à interroger chaque personnage dans un lieu différent, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du train. Il voulait exploiter l’idée que le train se retrouve bloqué en pleine voie pour étendre l’action aux alentours de la locomotive. Certaines scènes se déroulent ainsi sous le train, à côté des voies, à travers les wagons et même sur le toit. »

Il était primordial pour le réalisateur de s’entourer d’une équipe créative capable de donner vie au film avec la plus grande minutie. Il explique : « L’avantage d’avoir travaillé avec certaines personnes à plusieurs occasions, c’est que l’on crée des liens et qu’on se comprend à demi-mots, et Carol Hemming, Alexandra Byrne, Haris Zambarloukos et Jim Clay ont tous à cœur de raconter des histoires à travers leur travail. »

Le chef décorateur Jim Clay était très enthousiaste à l’idée de prendre part au film et de revisiter ce classique. Il commente : « Il s’agit d’une histoire complexe qui se déroule qui plus est à huis clos dans un train immobilisé au milieu de nulle part. Tout le défi a consisté à la moderniser et à la dramatiser autant que possible, tout en lui donnant un souffle nouveau. Kenneth et moi avons donc commencé par définir le lieu où le train est stoppé par l’avalanche. Dans le roman, il s’agit d’un col dans la montagne, mais nous avons opté pour un viaduc. Dans le film, Hercule Poirot est clairement plus jeune et plus agile que dans le roman, il y a même des séquences de courses-poursuites le long du pont, ce qui a immédiatement attisé ma créativité. C’est un plaisir de travailler sur un film aussi bien écrit et dirigé par un réalisateur de la trempe de Kenneth. Avec lui, on sait qu’on est entre de bonnes mains. »

Acteur de théâtre chevronné, Leslie Odom Jr. a été extrêmement impressionné par le degré de détail des décors du film. Il déclare : « Au théâtre, c’est à l’acteur d’invoquer son environnement alors qu’au cinéma, chaque détail fait l’objet d’une attention toute particulière. Le soin apporté au choix des serviettes de table, des fenêtres, des nappes et de la vaisselle me donnait l’impression de remonter le temps à chaque fois que je mettais les pieds sur le tournage. C’était comme si une partie de mon travail avait déjà été fait pour moi et qu’il ne me restait plus qu’à occuper l’espace. »

TOURNER EN 65mm 

La précision dans les détails était d’autant plus importante que le film a été tourné en 65mm, un format qui offre une incroyable netteté d’image. Kenneth Branagh déclare : « À l’époque du tout numérique, il est de plus en plus rare de tourner des films sur pellicule, et lorsqu’ils le sont, c’est en 35mm. Nous avons fait le choix du 65mm qui, pour caricaturer, mesure deux fois la taille d’un négatif 35mm. Ce format permet une définition en termes de gamme chromatique, de nuances et de contrastes qui, selon certains, est très similaire à la vision humaine. Pour simplifier, cela signifie que l’image est plus nette, plus riche et plus colorée, c’est comme si on était transporté dans le film. C’est en tout cas ce que je ressens et comme je tenais à faire monter les spectateurs à bord du train, le format 65mm s’est imposé comme une évidence. »

Pour le producteur exécutif Matt Jenkins, ce choix a constitué un défi de taille. Il explique : « De nos jours, les films tournés en 35mm sont rares, mais nous sommes allés encore plus loin en choisissant le format 65mm. Sur le plan logistique, ça a été extrêmement compliqué car aucun laboratoire au Royaume-Uni n’était capable de développer ce format ; le seul qui existait se trouvait à Los Angeles, et le studio était – à juste titre – contre l’idée d’envoyer tous les soirs nos négatifs à l’autre bout du monde. J’ai donc fini par en ouvrir un à Londres en association avec Kodak. Il s’agit du premier laboratoire de traitement de pellicule 65mm à voir le jour au Royaume-Uni depuis une trentaine d’années. Cela devrait constituer un énorme avantage pour l’industrie dans le futur, et puis ça a rassuré le studio de savoir que nos rushes seraient en sécurité ! »

Il poursuit : « Cela donne du souffle et de l’ampleur au film et lui confère de la profondeur sur le plan émotionnel, ce qui n’aurait sans doute pas été aussi évident si nous avions opté pour le format numérique. En 65mm, on voit deux fois plus de détails, ce qui a décuplé la charge de travail d’Haris Zambarloukos, Alex Byrne et Jim Clay car il a fallu éclairer des choses qu’on ne voit pas habituellement. En même temps, la taille de l’image nous a donné l’occasion de construire la gare d’Istanbul dans sa totalité et de donner à voir son activité foisonnante qui emplit le cadre. »

LE CRIME DE L’ORIENT-EXPRESS marque également un record dans l’histoire du cinéma. Matt Jenkins raconte : « Haris et Kenneth ont imaginé un sublime plan filmé au Steadicam pour clore le film. Il s’agit du plus long plan Steadicam jamais réalisé en 65mm. Nous l’avons répété à maintes reprises et avons passé toute la journée à essayer de le filmer, mais ce n’est que lors de la dernière prise que nous y sommes parvenus. »

Le réalisateur commente : « Après la vive émotion provoquée par la découverte de l’identité de l’assassin et de la victime, Poirot est confronté à une décision moralement complexe : que doit-il faire de cette information ? De la même manière, la scène finale invite les spectateurs à s’interroger sur le dénouement de l’histoire. Le plan débute avec Poirot dans sa cabine, on le suit tandis qu’il remonte le train et croise chacun des personnages. Il se retourne pour nous permettre de nous faire une idée de ce qu’il va faire ou ne pas faire, puis descend du train en gare de Brod. Là, il rencontre un jeune soldat qui lui apprend qu’un autre meurtre a été commis et que ses talents sont requis pour l’élucider. C’est alors que l’Orient-Express, que l’on voit à l’image, s’ébranle. Le personnage doit choisir de remonter à bord du train ou de se consacrer à cette nouvelle enquête – si tant est que l’on considère que la précédente est résolue. Cette séquence a été très complexe à réaliser sur le plan logistique parce qu’elle met en scène tous les acteurs du film et un train qui entre en gare puis repart. Il s’agit en outre d’un plan-séquence de près de cinq minutes filmé au Steadicam qui s’achève à 30 mètres du sol, obligeant toute l’équipe à se dissimuler. J’ai pris beaucoup de plaisir à le tourner car je trouve qu’il sied particulièrement à l’intrigue, qui reste d’une certaine manière en suspens. »

BÂTIR UNE MONTAGNE 

LE CRIME DE L’ORIENT-EXPRESS a principalement été tourné aux Longcross Studios, à l’ouest de Londres. Bâtis sur un ancien site du Ministère de la Défense, les studios comptent plusieurs plateaux, une piste d’essai et un vaste backlot sur lequel le chef décorateur Jim Clay a pu ériger les gigantesques décors du film. Le producteur exécutif Matthew Jenkins déclare : « Jim possède une créativité exceptionnelle ; faire équipe avec lui a été une expérience fantastique. Ce film lui a demandé énormément de travail, non seulement parce qu’il a été tourné à 95 % en studio, mais aussi parce qu’en 65mm chaque détail se doit d’être parfait car la caméra voit tout, et en haute résolution. Jim a ainsi construit la gare et le grand bazar d’Istanbul à 360 degrés, deux répliques de l’Orient-Express fonctionnelles et une locomotive grandeur nature de 30 tonnes, ainsi qu’un gigantesque viaduc. »

Michael Green, le scénariste, était très enthousiaste à l’idée de donner plus d’ampleur au film. Il explique : « Dans le roman d’Agatha Christie, il est simplement mentionné que le train est bloqué par la neige, mais dans le scénario, nous voulions développer cette idée – il n’était pas question de la changer mais de l’approfondir. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi d’immobiliser la locomotive sur un terrifiant viaduc en bois qui rend toute évasion impossible. C’est bien le dernier endroit où l’on a envie de se retrouver bloqué, les craquements et les grincements de la structure sont loin d’être rassurants. » Kenneth Branagh ajoute : « J’aime l’idée qu’Agatha Christie ait choisi cet espace confiné pour son huis clos, mais nous voulions aller encore plus loin. Dans le film, suite à une violente avalanche, le train est immobilisé sur un viaduc instable qui enjambe une faille étroite et trop abrupte pour que quiconque s’y aventure à pied. Les passagers sont ainsi non seulement pris au piège du train et de leurs cabines, mais également de la montagne où le danger est omniprésent. Cela nous a également permis de faire sortir les personnages et la caméra du train pour révéler le cadre grandiose dans lequel s’écrit cette tragédie noire et intense. Jim Clay a brillamment relevé le défi en créant un viaduc et des paysages à la hauteur de l’intrigue qui se joue à bord du train. »

En studio, le chef décorateur a érigé une montagne de plus de dix mètres de haut qui a ensuite été prolongée par ordinateur pour paraître beaucoup plus élevée. Il a également fait appel à des ingénieurs du génie civil pour s’assurer qu’un train puisse être immobilisé et circuler en toute sécurité sur le viaduc. Matthew Jenkins déclare : « Initialement, l’avalanche devait se produire dans un environnement boisé, mais très vite Jim a pensé qu’il serait plus intéressant qu’elle se produise sur un viaduc. Puisque l’essentiel du film se déroule après que le train a été immobilisé, il nous a semblé logique de consacrer une part substantielle de nos ressources et de notre énergie à la construction de ce viaduc, que nous voulions le plus impressionnant possible. C’est Jim qui a imaginé ce pont de 200 ou 300 mètres de large sur lequel nous avons placé à l’aide d’une grue nos quatre wagons, ainsi que notre wagon de stockage, notre tender et notre locomotive – le tout devait facilement peser 150 tonnes. La zone a ensuite été entièrement enneigée. Nous avons passé plusieurs semaines à tourner dans ce décor. Le film n’aurait pas été le même sans lui. » James Prichard, le président d’Agatha Christie Ltd, s’est rendu sur le décor. Il raconte : « Là-haut sur le pont, c’est comme si on pouvait sentir la neige, on a une sensation de froid tant le décor est réaliste. »

La neige a elle aussi constitué un défi logistique de taille, comme l’explique Matthew Jenkins : « Nous devions travailler dans un environnement enneigé pendant plusieurs semaines de suite, je ne parle pas de dix mètres de neige à gauche et à droite du décor mais de plusieurs centaines de mètres de poudreuse de manière à remplir le cadre, ainsi que de chutes de neige. Cela a demandé beaucoup de travail à Dave Watkins, le superviseur des effets spéciaux, car nous avions besoin de différents types de neige : étale en poudre, en flocons petits et gros, chutes faites avec des snow candles (des artifices imitant des chutes de neige à partir de cendres), brouillard... Il a en outre fallu trouver le moyen de la faire tomber sur le plateau sans faire aucun bruit. Dave a ainsi fabriqué un système de conduits très complexe qui parcouraient le plateau pour nous permettre d’avoir du vent et de la neige à l’extérieur des fenêtres du train sans que cela ne produise le moindre bruit. »

Lucy Boynton se souvient : « Lorsque j’ai pénétré sur cet immense plateau où l’intérieur de la gare d’Istanbul avait été entièrement recréé, j’en suis restée bouche bée. Les efforts et le savoir-faire déployés pour sa construction étaient tout simplement incroyables. C’était comme si j’avais été transportée en Turquie au début de XXe siècle et que je montais à bord de ce magnifique train qui s’apprêtait à quitter la gare. » La gare d’Istanbul a été bâtie sur le plateau numéro 1 des Longcross Studios. Le chef décorateur Jim Clay note : « Il s’agit du plus grand plateau des studios, c’est pourquoi nous avons choisi d’y construire l’énorme décor de la gare. »

Sur le plan logistique, la scène du départ de l’Orient-Express d’Istanbul n’a pas été évidente à réaliser. La production a découvert au cours de ses recherches que la gare était en réalité beaucoup plus petite qu’elle ne l’avait imaginée. L’équipe a alors installé d’immenses piliers et des quais à deux voies sur le plateau. Et comme les Longcross Studios ont été construits sur le site d’une ancienne usine de production de chars militaires, le plateau était clos par deux grandes portes qui ont permis la prolongation des voies ferrées. Jim Clay explique : « Les rails se poursuivaient à l’extérieur du plateau et sur le parking, il a même fallu fermer une partie de la route qui menait aux studios, mais cela nous a permis de tracter la totalité du train hors de la gare. » PROCHAIN ARRÊT : MALTE Bien que la majorité du CRIME DE L’ORIENT-EXPRESS ait été tournée aux Longcross Studios, les cinéastes se sont rendus à Malte afin de filmer la captivante scène d’ouverture du film.

Kenneth Branagh raconte : « Le film s’ouvre devant le mur des Lamentations à Jérusalem, un lieu très animé, bruyant et bondé où Hercule Poirot travaille sur une première enquête liée à une querelle religieuse, ou ce qui pourrait le devenir. » Le mur des Lamentations et ses environs ont été recréés à Malte, dont les grands espaces baignés de soleil ne laissent rien présager du sombre huis clos enneigé qui va bientôt se jouer… Il était important pour le réalisateur que le public ait eu un aperçu de la manière dont l’esprit d’Hercule Poirot fonctionne avant qu’il n’embarque à bord de l’Orient-Express. Il commente : « Je trouvais plus pertinent de voir le célèbre détective en action plutôt que d’entendre simplement parler de ses exploits. Outre son caractère exotique, la scène nous permet d’introduire le détective-voyageur et son extraordinaire esprit de déduction dans des paysages à couper le souffle de Malte. »

À BORD DE L’ORIENT-EXPRESS Dans le film, le somptueux train quitte Istanbul et traverse les Alpes dinariques vers l’ex-Yougoslavie, où une avalanche l’oblige à s’immobiliser. Une fois les voies dégagées, il poursuit sa route via Brod vers l’Italie, la Suisse, la France et achève son voyage à la gare Victoria à Londres. Lorsqu’ils ont abordé la logistique du tournage, les cinéastes ont réalisé qu’il serait plus judicieux de construire leur propre train. Kenneth Branagh se souvient : « Ce n’est pas la première fois que je travaille avec des trains et croyez-moi, cela prend beaucoup plus de temps de se rendre en décors naturels dans les montagnes suisses et de bloquer une voie pendant que 50 autres trains remplis de passagers attendent de pouvoir passer, que de recréer entièrement la gare d’Istanbul en studio. Le projet était ambitieux, mais cela en valait la peine. »

L’Orient-Express, tout comme la gare d’Istanbul, a été construit aux Longcross Studios afin de permettre à l’équipe de production de se déplacer librement dans les wagons – dont les proportions ont été revues légèrement à la hausse – armée de caméras 65mm. Le réalisateur commente : « Cela nous a permis de mieux maîtriser la manière dont nous voulions filmer le voyage. Jim Clay et son équipe ont mené d’importantes recherches, mais il a également fait appel à son talent artistique pour créer le décor qui correspondait le mieux à notre vision plus sombre de l’histoire. »

Le chef décorateur déclare : « En amont du tournage, nous avons voyagé à bord du véritable Orient-Express pour voir s’il serait possible de tourner le film dans un vrai train, mais il nous est tout de suite apparu que les contraintes étaient trop importantes. Les couloirs étaient trop étroits pour accueillir notre imposante caméra 65mm et sa dolly. Nous avons donc pris la décision de construire notre propre version de l’Orient-Express en deux exemplaires. Le premier pour les scènes intérieures et extérieures, composé de tous les wagons et de la locomotive et capable de se déplacer sur les voies, et le second pour les scènes intérieures uniquement, avec des parois amovibles pour faciliter les prises de vues. »

Jim Clay a en outre créé plusieurs cabines couchettes individuelles dont les murs et le plafond amovibles rendaient le tournage des scènes plus aisé. Les cabines d’Hercule Poirot, M. Ratchett et Mme Hubbard ont toutes été construites sur ce modèle. James Prichard, le président d’Agatha Christie Ltd, a été très impressionné par l’ampleur du projet en termes de décors. Il confie : « L’ampleur de la production dans son ensemble est incroyable, mais les détails des wagons et le fait que le train ait été entièrement reconstruit, c’est assez extraordinaire. »

L’équipe a cependant dû prendre quelques libertés avec la réalité, comme l’explique Jim Clay : « Au cours de sa traversée de l’Europe de l’Est, l’Orient-Express changeait en réalité de locomotive à chaque frontière. Mais pour des raisons narratives, cela n’était pas faisable dans le film, c’est pourquoi nous avons fait le choix d’une seule et même locomotive. Elle est inspirée d’une imposante locomotive à vapeur française aujourd’hui entreposée à Zurich que nous avons reproduite le plus fidèlement possible et à l’échelle. Et grâce au concours des équipes en charge des effets spéciaux et visuels, notre train ressemble à s’y méprendre à l’original. »

C’est au superviseur des effets spéciaux David Watkins et son équipe qu’il a incombé de construire de toutes pièces la locomotive de l’Orient-Express. Pour ce faire, David Watkins a envoyé les chefs d’atelier Jim Machin et Jason Marsh en Suisse pour rencontrer le conservateur de l’unique locomotive de type 4-8-4 encore en activité. Il raconte : « Jim et Jason sont revenus avec sous le bras l’épais manuel original rassemblant toutes les données de construction du modèle qui nous intéressait. Cela nous a permis de modeler le design de notre locomotive et d’ajuster ses dimensions en fonction de l’originale. » Au final, le superviseur des effets spéciaux et son équipe ont construit une locomotive et un tender si réalistes et fonctionnels que la production n’a pas eu besoin d’avoir recours aux effets visuels pour créer l’ambiance enfumée typique des trains des années 1930.

David Watkins déclare : « La présence de la vapeur a facilité le travail des acteurs, cela leur donnait l’impression d’avoir affaire à un vrai train. » Tim Parkin, le consultant train du film, a veillé à ce que la reproduction de l’Orient-Express soit la plus fidèle possible. En plus de la locomotive et du tender, David Watkins et son équipe ont construit un wagon de stockage, un wagon-lit, un wagon-restaurant et une voiture-salon. Tim Parkin commente : « Chaque wagon pesait environ 25 tonnes, la locomotive pesait quant à elle près de 22 tonnes et le tender un tout petit peu moins. Pour déplacer le train, nous utilisions deux locotracteurs diesel que nous attachions à l’avant de la locomotive qui, bien qu’elle ait l’air réelle grâce au formidable travail fourni par l’équipe de Dave Watkins, ne fonctionnait pas. »

Le producteur exécutif Matthew Jenkins ajoute : « Très tôt, nous avons pris la décision de réaliser le maximum de choses sur le tournage. Mais le fait qu’il s’agit d’un road trip tourné en studio ne nous a pas rendu la tâche facile. Pour autant, nous n’avions aucune envie d’avoir recours aux fonds verts, nous voulions que tout ait l’air aussi authentique que possible. » En amont du tournage, le directeur de la photographie Haris Zambarloukos s’est donc rendu en Nouvelle-Zélande accompagné d’une équipe pour réaliser plusieurs heures de prises de vues à bord d’un train sillonnant des paysages montagneux. Le superviseur des effets visuels George Murphy les a ensuite montées en numérique afin de les projeter sur deux immenses écrans 400 LED érigés de part et d’autre des wagons.

De son côté, le superviseur des effets spéciaux David Watkins a entrepris de donner du mouvement au train grâce à un support placé sous le wagon composé d’un système pneumatique et hydraulique créant un mouvement de tangage et de roulis. Il explique : « Nous avons passé beaucoup de temps à étudier les images réalisées par Haris, les soubresauts du train et le mouvement que cela créait. Nous nous sommes ensuite appliqués à les reproduire à l’aide d’un logiciel, et je dois dire que j’ai été très impressionné par le réalisme des mouvements que nous avons obtenus. »

L’acteur Josh Gad raconte : « On avait l’impression d’avancer même lorsque le train faisait du sur-place. C’est un véritable avantage en tant qu’acteur parce qu’on n’a pas besoin de s’en remettre à son imagination. » Matthew Jenkins ajoute : « C’était assez surréaliste de se trouver à bord du train en mouvement pendant que les images d’Haris défilaient à l’extérieur. On avait l’impression d’être à bord du véritable Orient-Express. C’était tellement réaliste qu’on pouvait être pris d’un léger mal des transports, mais je pense que cela valait le coup. »

Le fait que le film ait été tourné en 65mm a posé de nombreuses difficultés à Jim Clay et son équipe. Le chef décorateur explique : « Le 65mm est un format très haute définition qui, lorsqu’il est projeté sur grand écran, permet de voir le moindre détail, le moindre clou qui dépasse. Nous n’avions donc pas droit à l’erreur. Par chance, l’équipe en charge de la construction du train a fourni un travail de marqueterie et de placage d’une qualité et d’un réalisme absolument exceptionnels. Nous tenions à ce que les spectateurs comprennent que voyager à bord de l’Orient Express était loin d’être à la portée de tout le monde, et nous voulions leur faire vivre un voyage inoubliable. »

Il poursuit : « L’intérieur de l’Orient-Express actuel est de style Art nouveau mais nous voulions quelque chose de plus épuré de manière à ne pas détourner l’attention du public de l’action. Nous avons donc opté pour une esthétique plus minimaliste et nous sommes inspirés du style Art déco pour les boiseries et la décoration. Tout a été réduit à l’essentiel afin de mettre les acteurs en valeur. »

LES COSTUMES 

Kenneth Branagh et la chef costumière Alexandra Byrne collaborent depuis plus de 30 ans, tant au théâtre qu’au cinéma. Le réalisateur déclare : « Le travail d’Alexandra se caractérise par un grand souci du détail et des recherches, des recherches et encore des recherches. Lorsqu’elle accepte un projet, il se passe souvent plusieurs mois avant qu’elle ne revienne vers vous. Elle ne vous contacte que lorsqu’elle a un nombre incalculables de références et d’idées à vous soumettre. Elle procède en outre souvent par élimination pour définir ce qui fonctionne. »

Pour LE CRIME DE L’ORIENT-EXPRESS, la chef costumière a une fois de plus fait énormément de recherches. Elle a aussi lu le roman d’Agatha Christie et regardé ses précédentes adaptations avant de recouper toutes ces informations avec le scénario. Elle a également créé des mood boards.

Elle explique : « Les collages que je réalise ne sont pas toujours historiques, ils se composent d’images totalement éclectiques qui sont liées d’une manière ou d’une autre au personnage, à l’histoire ou à une émotion. J’ai rassemblé énormément d’images que j’ai ensuite regroupées sur des tableaux, ce qui m’a permis de mettre mes idées au clair et de les ordonner. Un mood board est un formidable outil, c’est un support visuel qui me permet d’engager le dialogue avec Kenneth et les acteurs pour définir l’apparence des personnages. »

Elle poursuit : « Les costumes revêtent une importance majeure dans ce film car comme dans un roman policier, ils sont autant d’indices sur leurs propriétaires, et dans cette histoire, rares sont les personnages qui portent des vêtements correspondant à ce qu’ils sont réellement. Il a donc fallu qu’on enquête sur le passé de chacun d’entre eux, qu’on comprenne ce qui les pousse à s’habiller comme ils le font, à changer d’identité, et qu’on définisse les moyens dont ils disposent. Il est nécessaire d’établir un ensemble de règles qui vous permet de prendre des décisions éclairées, c’est pourquoi les recherches sont si importantes. Ce qui m’a plu dans ce film, c’est que les costumes ne doivent pas en révéler trop sur les personnages mais qu’ils doivent tout de même être authentiques. »

Willem Dafoe, qui joue Gerhard Hardman, s’en est entièrement remis à l’expertise d’Alexandra Byrne. Il explique : « Je l’ignorais, mais la coupe d’un costume diffère selon qu’on est américain ou européen, il existe même des différences entre les costumes des Européens du nord et ceux des Méditerranéens. C’est donc un élément qu’il a fallu prendre en compte étant donné que mon personnage tente de se faire passer pour un Autrichien, alors qu’il est en réalité américain. Toute la difficulté consiste à créer une tenue originale mais pas trop voyante pour ne pas se faire remarquer ou attirer l’attention. Dans un film comme celui-ci, où l’apparence tient une place si importante, les costumes jouent un rôle majeur. »

Pour le plus grand bonheur de la chef costumière, il est encore possible aujourd’hui de se procurer des tissus des années 1930. Elle a ainsi pu en reproduire pour conférer encore plus d’authenticité à ses créations. Elle commente : « J’ai réussi à mettre la main sur 50 centimètres de tissu d’époque. Bien qu’en très mauvais état, il m’a renseigné sur le poids et les couleurs des matières qui étaient utilisées alors. Nous avons également acheté de nombreux vieux catalogues d’échantillons qui, puisqu’ils étaient fermés, n’ont pas été altérés par le soleil et m’ont été d’une aide précieuse dans mon travail. »

« Pour chaque chose que vous aimez, il y a un prix à payer. » - Agatha Christie Kenneth Branagh conclut : « Agatha Christie est la reine incontestée du crime. Ses histoires, intenses et captivantes, se lisent d’une traite. Si vous aimez les mystères, LE CRIME DE L’ORIENT-EXPRESS est fait pour vous. Il est en outre interprété par des acteurs formidables qui viennent encore accroître le caractère énigmatique de l’histoire. C’est un film troublant, divertissant et surprenant, qui vaut le détour pour qui aime les enquêtes mêlant mystère, passion et émotions. »

Le tournage du CRIME DE L’ORIENT-EXPRESS a duré 13 semaines et s’est déroulé entre les Longcross Studios près de Londres et Malte, de novembre 2016 à mars 2017.

AGATHA CHRISTIE ET SON ÉPOQUE 

AGATHA CHRISTIE : ÉLÉMENTS BIOGRAPHIQUES 

• En 50 ans de carrière, la prolifique écrivaine a signé 66 romans policiers, 6 fictions et 150 nouvelles.
• Elle a également écrit plus de 20 pièces de théâtre dont la plus célèbre est « La Souricière ». À l’affiche depuis 1952, c’est la pièce qui totalise le plus grand nombre de représentations consécutives au monde.
• Agatha Christie a vendu deux milliards d’exemplaires de ses livres, seule la Bible et William Shakespeare ont fait mieux.
• Faciles à traduire, ses romans ont été édités dans plus de 100 langues, ce qui fait d’elle l’auteure la plus traduite de tous les temps.

Agatha Mary Clarissa Miller naît le 15 septembre 1890 à Torquay, dans le sud-ouest de l’Angleterre, d’une mère anglaise et d’un père américain. Elle apprend à lire toute seule à l’âge de 5 ans et commence très vite à composer ses premiers poèmes. Elle reçoit une éducation à domicile (principalement dispensée par ses parents) avant d’intégrer des établissements parisiens où elle étudie le chant lyrique et le piano, disciplines dans lesquelles elle excelle.

À 18 ans, elle prend déjà plaisir à écrire des nouvelles. Après révision, certaines d’entre elles seront d’ailleurs publiées dans les années 30. En 1914, Agatha Christie s’engage en tant qu’infirmière au sein du Détachement de secours volontaire de l’hôpital de la Croix-Rouge de Torquay. Lorsque l’hôpital ouvre un dispensaire, elle accepte d’y travailler tout en préparant un diplôme de préparatrice en pharmacie. La confection des remèdes suscite chez elle un intérêt pour l’utilisation des poisons, lesquels jouent un rôle central dans son premier roman, La mystérieuse affaire de Styles. Leur emploi par l’assassin y était si bien décrit que le livre a fait l’objet d’un article dans le Pharmaceutical Journal, une première pour une auteure de fiction.

Agatha Christie a écrit ce premier roman policier suite à un défi lancé par sa sœur aînée, Madge. Inspirée par la présence de nombreux réfugiés belges dans la campagne anglaise, y compris à Torquay, la romancière a choisi pour protagoniste un ancien officier de police à l’esprit brillant venu de Belgique : Hercule Poirot était né.

En 1919, l’écrivaine donne naissance à son premier enfant avec son mari Archibald Christie, une petite fille prénommée Rosalind. La même année, l’éditeur John Lane lui commande cinq livres supplémentaires. Elle fait partie des premiers auteurs publiés au format poche par Penguin. Après la guerre, Agatha Christie continue à écrire et à voyager avec son mari.

Ensemble, ils font notamment le tour de l’Empire britannique en 1922. À cette occasion, elle apprend à surfer en Afrique du Sud et à Hawaï et devient la première Anglaise à maîtriser ce sport. Après son divorce d’avec Archie en 1928, Agatha Christie réalise l’un de ses plus grands rêves : se rendre au Moyen-Orient à bord de l’Orient-Express.

Ses nombreux séjours dans la région donneront matière aux intrigues de romans tels que Le Crime de l’Orient-Express, Mort sur le Nil, Meurtre en Mésopotamie, Rendez-vous avec la mort ou encore Rendez-vous à Bagdad, ainsi qu’à de nombreuses nouvelles. Lors d’une visite sur le site de l’ancienne cité mésopotamienne d’Ur (dans l’actuel Iraq) en 1930, Agatha Christie rencontre celui qui deviendra son deuxième mari, l’archéologue Max Mallowan, de 14 ans son cadet. Leur union durera 46 ans.

Durant près de 30 ans, la romancière accompagne son époux dans chacune de ses expéditions archéologiques sans que cela n’affecte jamais la cadence de son écriture. Dans Dis-moi comment tu vis/La romancière et l’archéologue : mes aventures au Moyen-Orient, publié en 1946, elle raconte avec humour ses premières fouilles en Syrie aux côtés de Max.

En 1930, après avoir publié plusieurs romans et nouvelles, elle décide de créer le personnage de Miss Jane Marple, une détective amateur – « une détective en fauteuil » – inspirée par plusieurs vieilles dames que l’auteure avait croisées dans son enfance. En créant Miss Marple, Agatha Christie ne s’attendait pas à ce qu’elle entre en rivalité avec Hercule Poirot, pourtant dès sa première apparition dans L’Affaire Protheroe, le personnage rencontre un immense succès.

En 1971, Agatha Christie a été élevée au rang de Dame Commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique, l’une des plus hautes distinctions britanniques. Elle a fait sa dernière apparition publique en 1974 à l’occasion de la première de l’adaptation cinématographique du CRIME DE L’ORIENT-EXPRESS réalisée par Sidney Lumet, avec Albert Finney dans le rôle d’Hercule Poirot. Elle a qualifié le film de bonne adaptation à ceci près que la moustache du détective n’était pas tout à fait assez fournie à son goût.

Agatha Christie est morte paisiblement le 12 janvier 1976. Elle repose dans le cimetière de l’église St Mary de Cholsey, près de Wallingford. Pour plus d’informations, rendez-vous sur http://www.agathachristie.com/about-christie

LE MONDE EN 1934 

• Adolf Hitler, déjà chancelier depuis 1933, devient chef de l’État suite au décès du président du Reich Hindenburg et se fait appeler le Führer.
• En Italie, tous les enseignants des écoles primaires doivent porter la chemise noire du parti fasciste sur leur lieu de travail.
• L’URSS intègre la Société des Nations.
• Joseph Staline assoit son emprise sur l’Union soviétique à travers les Grandes Purges.
• Le Japon dénonce le Traité naval de Washington dans le but d’accroître sa flotte militaire.
• En Turquie, les femmes obtiennent le droit de vote aux élections parlementaires.
• Aux États-Unis, le Congrès adopte le Lindbergh Act qui reconnaît le kidnapping comme un crime capital.
• Bruno Hauptmann est arrêté et reconnu coupable de l’enlèvement et du meurtre du petit Charles Lindbergh Jr.
• Le gouvernement américain ouvre une prison de sécurité maximum sur l’île d’Alcatraz dans la baie de San Francisco.
• John Dillinger est abattu par le FBI alors qu’il quitte un cinéma de Chicago.
• Bonnie et Clyde sont abattus dans une embuscade de la police.
• CAVALCADE, un film Fox réalisé par Frank Lloyd, est sacré meilleur film lors de la sixième cérémonie des Oscars.
• Le Flying Scotsman est le premier train à atteindre officiellement les 160 km/h.

KENNETH BRANAGH 
Interprète d’Hercule Poirot 

Réalisateur et producteur Kenneth Branagh est un acteur et un réalisateur acclamé dont le travail au cinéma, à la télévision et au théâtre allie qualité, authenticité et passion. Ses cinq nominations aux Oscars font de lui l’un des premiers acteurs à avoir été cité cinq fois dans cinq catégories différentes (meilleur acteur, meilleur acteur dans un second rôle, meilleur réalisateur, meilleur scénario et meilleur court métrage).

Il travaille actuellement à la préproduction du film ARTEMIS FOWL pour Disney, adapté de la série de best-sellers pour enfants qui raconte l’histoire d’un jeune génie du crime irlandais à la recherche de son père. En mars 2015, Kenneth Branagh a réalisé l’adaptation en prises de vues réelles de CENDRILLON pour Disney. Le film, salué par la critique et interprété par Cate Blanchett, Lily James, Richard Madden et Helena Bonham Carter, a rapporté plus de 540 millions de dollars au box-office international. En mai 2011, il a mis en scène THOR avec Chris Hemsworth, Natalie Portman et Sir Anthony Hopkins pour les studios Marvel. Le film d’action a rapporté plus de 448 millions de dollars dans le monde.

Kenneth Branagh a rencontré le succès en tant que réalisateur dès son premier film en 1989. HENRY V, qu’il a également interprété, a été salué par de nombreux prix internationaux dont deux nominations aux Oscars dans les catégories meilleur acteur et meilleur réalisateur. Il a ensuite mis en scène DEAD AGAIN, PETER’S FRIENDS, BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN, le court métrage cité aux Oscars « Swan Song », FRANKENSTEIN, HAMLET, nommé à quatre Oscars, PEINES D’AMOUR PERDUES, COMME IL VOUS PLAIRA, LA FLÛTE ENCHANTÉE et LE LIMIER – SLEUTH.

Kenneth Branagh est également un acteur talentueux et respecté qu’on a pu voir cette année dans DUNKERQUE, le film acclamé par la critique de Christopher Nolan dans lequel il tenait le rôle du commandant Bolton, un officier britannique qui cherche à faire évacuer les soldats alliés belges, britanniques et français cernés par l’armée allemande durant la Seconde Guerre mondiale. En 2011, il a incarné Sir Laurence Olivier face à Michelle Williams dans MY WEEK WITH MARILYN de Simon Curtis, ce qui lui a valu d’être cité à l’Oscar, au Golden Globe et au Screen Actors Guild Award du meilleur acteur dans un second rôle. Dans sa filmographie figurent aussi UN MOIS À LA CAMPAGNE de Pat O’Connor, OTHELLO d’Oliver Parker, THE GINGERBREAD MAN réalisé par Robert Altman, CELEBRITY de Woody Allen, « Alien Love Triangle » mis en scène par Danny Boyle, ENVOLE-MOI de Paul Greengrass, WILD WILD WEST de Barry Sonnenfeld, LE CHEMIN DE LA LIBERTÉ de Phillip Noyce, HARRY POTTER ET LA CHAMBRE DES SECRETS de Chris Columbus, GOOD MORNING ENGLAND réalisé par Richard Curtis, et WALKYRIE de Bryan Singer.

Sur le petit écran, il a joué dans « Les Enquêtes de l’inspecteur Wallander », la série primée aux BAFTA Awards qui lui a valu un Emmy Award et un Golden Globe. Il est également apparu dans la minisérie « Shackleton, aventurier de l’Antarctique », et dans les téléfilms « Conspiration » de Frank Pierson pour lequel il a été sacré meilleur acteur aux Emmy Awards et nommé aux Golden Globes, et « Warm Springs » de Joseph Sargent, dans lequel il interprétait Franklin Delano Roosevelt, un rôle qui lui a valu une nomination aux Emmy Awards, aux Golden Globes et aux SAG Awards.

Parallèlement à sa riche carrière au cinéma et à la télévision, Kenneth Branagh est aussi un brillant metteur en scène et comédien de théâtre. Il vient de mettre en scène en septembre 2017 une production de « Hamlet » avec Tom Hiddleston, afin de lever des fonds pour la Royal Academy of Dramatic Art dont il est le président. L’année dernière, la Kenneth Branagh Theatre Company a présenté avec succès la saison inaugurale de « Plays at the Garrick Theatre » dans le West End londonien, elle comprenait « Le Conte d’hiver », « Harlequinade », « All On Her Own », « The Painkiller », « Red Velvet », « Roméo et Juliette » et « The Entertainer », ce qui a valu un prestigieux Olivier Award à la compagnie. Kenneth Branagh a entamé sa carrière sur scène avec « Another Country » dans le West End, ce qui lui a valu l’Olivier Award du jeune acteur le plus prometteur.

Il a fondé la Renaissance Theatre Company, pour laquelle il a joué ou mis en scène « La Nuit des rois », « Beaucoup de bruit pour rien », « Comme il vous plaira », « Hamlet », « La Paix du dimanche », « Oncle Vania », « Le Roi Lear », « Le Songe d’une nuit d’été », « Coriolan » et « The Life of Napoleon ». Il a en outre écrit les pièces « Public Enemy » et « Tell Me Honestly ». On a pu le voir sur scène dans « Henry V », « Peines d’amour perdues » et « Hamlet » pour la Royal Shakespeare Company. Il a aussi mis en scène la comédie à succès « The Play What I Wrote » transférée du West End à Broadway où elle a été nommée aux Tony Awards, et a joué dans « Richard III », « Edmond » de David Mamet, « Ivanov » et la comédie « The Painkiller » dans le cadre de la saison d’ouverture du Lyric Theatre de Belfast, sa ville natale.

Kenneth Branagh est diplômé de la Royal Academy of Dramatic Art où il a remporté la Bancroft Gold Medal. Il s’est également vu décerner le prestigieux Michael Balcon Award par la British Academy of Film and Television Arts (BAFTA) pour sa contribution au 7e art. Il a par ailleurs été anobli par la reine Elizabeth II pour son travail en tant qu’acteur et ses actions caritatives en Irlande du Nord, et vient de se voir remettre les clés de la ville de Belfast par le conseil municipal de la ville.

Crédits photos: 20th Century Fox 2017

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